Dak’art 2016 : Idaira Del Castillo dans le symbolisme du « non »
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No, no, no… L’œuvre d’Idaira Del Castillo s’étend sur une vingtaine de mètres au Musée Théodore Monod dans le cadre des expositions des "Commissaires Invités". Oui elle a peint abondamment le mur du mot "no" qui, en espagnol, signifie "non". Du coup, le "no" apparaît comme l’orthographe universelle du "non" puisque c’est ainsi que cela est écrit et exprimé en anglais, la langue la plus parlée dans le monde.
Arrivée des Iles Canaris pour créer autre chose à cette 12ème édition de Dak’art, le génie de la créativité déploie plutôt le pinceau de la jeune artiste vers l’accouchement du "no". Sa spécialité, c’est la peinture murale et elle ne s’en est point éloignée. Mais l’expression artistique l’a poussé dans un registre tout nouveau où herméticité et banalité se croisent, philosophie et idéologie s’entrecroisent. Et donc, une création dans un style qui suscite refoulement et questionnement, dégoût et surprise puis… accroche.
Le "no" qui fait toute l’œuvre de la canarienne n’est pas juste en filet sur le mur. Il peuple l’espace sur la longueur et la largeur, sur une superficie qu’on peut évaluer à 80m². L’écriture a pris plusieurs tailles. Il y en a de toutes petites, de grosses, de très grosses. Quel que soit l’intensité de la vision, le "no" est saisissable. L’orthographe est perceptible. On le découvre comme une course des nuages vers l’horizon, comme une colonie d’oiseaux migrateurs dans les profondeurs du ciel bleu. On le voit comme une polyphonie de refrains ininterrompus. C’est toute une musique, toute une histoire, tout un engagement contre les dérives en Afrique et dans le monde : les guerres, le terrorisme, la corruption, le népotisme, la destruction de la nature, l’injustice sous diverses formes.
Mais l’œuvre de l’artiste des Iles Canaris fonctionne également comme une prière, une incantation, un mot qu’on répète incessamment afin que le désir s’accomplisse. Au fait, dans certaines croyances en Afrique, il est enseigné que lorsqu’on a foi en une chose, celle s’accomplit en soi. Plus loin, parfois chez les Bouddhistes, la prière consiste à répéter plusieurs fois la même formule. C’est une formule qui monte graduellement vers des sommets et donc vers une entité supérieure ou suprême.
En somme, la peinture d’Idaira Del Castillo s’affiche comme une performance, une myriade de clichés qui tissent une vaste conversation pour la paix en Afrique et du monde.
Fortuné SOSSA (Bénin)
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