Fitheb 2018 : Entretien avec Roger Atikpo, membre de la compagnie ‘’Gabité Maison de l’oralité‘’ du Togo
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« Isoler un parent dans une maison de retraite !, je crois que c’est un scandale. »
La compagnie ‘’Gabité maison de l’oralité’’ du Togo a ouvert le bal des représentations au théâtre de verdure de l’institut français de Parakou, avec son spectacle ‘’Palabres de cordonnier’’. C’était le vendredi 16 novembre 2018, au terme de la cérémonie du lancement officiel des manifestations de la 14ème édition du festival international de théâtre du Bénin – Fitheb, à Parakou. A travers cet entretien, Roger Atikpo, l’un des membres de ladite compagnie expose la trame du spectacle.
Pourquoi votre spectacle de ce soir à l’institut français de Parakou, a manqué de tonalité et de vigueur, comparativement, à celui offert lors du Masa édition 2018 ?
Vous savez qu’on est trois comédiens à conduire ce spectacle. Mais aujourd’hui, Allassane Sidibé n’est pas là. Alors, il faut réadapter le spectacle à deux comédiens. Ce qui n’était pas évident avec un vaste espace de huit mètres. C’est assez énorme. Je crois qu’on a assumé. On a pris du plaisir en tout cas. C’est le plus important pour nous.
Cela veut dire réellement que la présence d’Allassane Sidibé est si importante ?
Évidemment ! Allassane a sa place. C’était lui qui faisait les introductions et les bonnes tchatches. Là, il faut donc reprendre son rôle, ce qui n’est pas du tout facile.
Quelle est la trame de votre conte musical ?
Le fond de l’action que nous portons à travers ce spectacle se résume en un seul message. Nous disons juste aux gens de rester beaucoup plus proches de leurs parents, frères et sœurs, qui sont en souffrance. Ces derniers ont besoin de l’assistance et d’échanges avec leur entourage. C’est ce qu’ont fait d’ailleurs, nos trois amis du spectacle, au chevet de leur camarade Bakari. Ils ont raconté des histoires à Bakari, et même lui ont tenu compagnie. Voilà le message fort que nous portons.
Pouvons-nous dire que, ce spectacle intervient pour tirer sur la sonnette d’alarme, en ce qui concerne cette assistance aux personnes du troisième âge ?
Oui ! Evidemment, le constat aujourd’hui est là. C’est-à-dire, nous amusons, nous prenons le risque d’imiter l’occident. Précisément, nous voulons aussi créer en Afrique des maisons de retraite pour nos vieux parents. On voit venir les gens. Parce qu’ils n’ont plus le temps de s’occuper de leurs parents, papas et mamans. Ils sont tellement occupés qu’on risque aussi de tomber dans ce malheureux projet de construction des maisons de retraite. Nous avons senti arriver ce fait en Afrique. A travers ce spectacle, nous luttons contre cela aujourd’hui. C’est notre manière de repousser cet isolement des parents.
Selon vous, en quoi l’isolement des parents est une mauvaise pratique ?
Isoler un parent, une maman qui t’a porté pendant neuf mois dans son ventre ! Et à un moment donné le fils l’isole dans une maison de retraite !, je crois que c’est un scandale. C’est très malheureux.
Propos recueillis par Rodéric DEDEGNONHOU
Contributeur du site artisttikafrica.com
Journaliste à l’Agence Bénin Presse -Borgou (Parakou)
Crédits photo: Togocultures