Joëlle Sylvestre, membre du comité d’organisation du Fara
- Affichages : 3791
« Le marché de l’art contemporain de la Côte d’Ivoire est un petit cercle fermé »
Française et Suisse, Joëlle Sylvestre s’évertue depuis plusieurs années à encourager d’une part les jeunes créateurs d’art contemporain de la Côte d’Ivoire, et d’autre part, à promouvoir leurs diverses créations artistiques de ce pays. Un véritable engagement ayant germé avec l’initiative qui donne vie au Festival des arts de la rue d’Assouindé (Fara), dont les premières activités ont débuté ce vendredi 12 Octobre 2018. Cette une activité qu’elle mène entourée de son équipe constituée de personnes dynamiques dont Issa Koné. A travers cet entretien, elle fait le tour d’horizon des réelles ambitions de ce projet.
Dites-nous les motivations qui vous décident à réunir des artistes d’art contemporain autour de vous ici à Assouindé.
Nous avons eu l’idée folle de faire venir des artistes peintres, sculpteurs, photographes, et musiciens d’un peu partout. Ils sont venus de trois pays. Il s’agit du Bénin, la Côté d’Ivoire et du Congo. Nous avons, pour l’instant 20 artistes. On attend deux ou trois qui vont nous rejoindre dans cette semaine. Nous voulons un peu réhabiliter Assouindé, un village où il y a très peu de touristes et très peu de fréquentations, à part les week-ends. Parce que les résidants ne sont là que le week-end. Notre but est de faire des grands murs du village à travers des coups de peintures, une galerie d’art à ciel ouvert.
Fresque réalisée dans le village d'Assinie-Assouindé.
Quels sont vos premiers sentiments maintenant que vous constatez que ces artistes ont répondu à l’appel de votre fondation ?
Je suis très heureuse parce qu’il y a beaucoup de jeunes artistes d’art contemporain parmi nos hôtes. Notre but à la fondation est de former, d’aider et de donner un coup de pouce à ces jeunes qui se lancent. C’est très difficile pour eux. L’art est très compliqué. L’art n’est pas donné à tout le monde. L’art n’est pas donné à tout le monde de comprendre. On va essayer de sensibiliser tous les jeunes du village, même les villageois afin qu’ils apprennent à comprendre la peinture. Ces jeunes créateurs sont très dynamiques et veulent démarrer les travaux déjà. Ils ont déjà investi plusieurs murs d’Assouindé. Leur exposition collective, dont le vernissage est prévu pour le 20 Octobre prochain, connaîtra de belles œuvres, au cœur de la densité de leurs diverses propositions.
Avez-vous un plan pour connecter les creations des ces jeunes avec des galeries ?
Cette question est l’une de nos préoccupations majeures. Les débouchées des œuvres de ces artistes contemporains ont fait objet de plusieurs rencontres avec des partenaires. Les échanges se poursuivent dans cette perspective. Nous allons continuer à proposer des œuvres de ceux-ci à certaines galeries en Afrique, en Europe et sur d’autres continents. La même démarche est cours avec plusieurs galeries en Côte d’Ivoire dans l’espoir de finaliser pour le bonheur de ces jeunes créateurs.
Ces murs tout en art. Oeuvre de Franck Assa.
Un mot sur le marché d’art contemporain en Côte d’Ivoire
C’est compliqué. C’est très difficile. Les Ivoiriens n’achètent pas beaucoup d’œuvres d’art contemporain. Mais, par contre, si vous avez la chance d’aller exposer à New-York, en Belgique, ou en France, il y a beaucoup plus de chances et d’ouverture. Il faut souligner que le marché de l’art contemporain de la côte d’Ivoire est un petit cercle fermé. Pour les jeunes, il ne faut pas qu’ils se découragent. Seul le travail est au bout du succès. Je les exhorte à travailler davantage.
Propos recueillis par Rodéric DEDEGNONHOU,
depuis Assinie-Assouindé (Grand-Bassam) - Côte d’Ivoire