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C’est une coutume désormais pour le trio Teriba de remplir l’institut français de Cotonou chaque année. Elles l’ont encore fait. Et fans, mélomanes, curieux se sont rendus à la messe des cordes vocales où Tatiana, Zékiath et Carine bénissent les émotions. Si le concert de la nuit du 14 octobre 2016 est un des rendez-vous du trio avec son public, il consacre surtout les 10 ans de carrière du premier groupe musical de femmes à succès au Bénin. Une belle fête !

 Les places assises sont toutes occupées. A peine y avait-il de places debout au théâtre de verdure de l’institut français de Cotonou ce vendredi soir. Il est 20h55 et le public convié pour 25 minutes plus tôt n’est même pas vexé par le retard de ce concert (de l’année ?) Teriba annoncé en grande pompe. « C’est vrai pour le retard mais bon…j’ai vu ce trio sur scène à Paris en 2015 et je meurs d’envie de les revoir ce soir. », « Dans 10 minutes au plus, c’est sûr que ça va démarrer ». Jessica (une française) et Anne (une béninoise), respectivement, sont très patientes et ne comptent pas bouder leur plaisir. Elles auront raison.

« Gan na ho » L’heure sonnera !

21h06, Tatiana Ahissou, Zékiath Abogourin et Carine Ahissou entrent sur scène, de robes et foulards bleus vêtues. Le public est replongé 10 ans en arrière, au tout début de carrière du groupe Teriba avec le titre « Gan na ho », l’heure sonnera ou encore : t’en fais pas, l’heure de Dieu va sonner (en fongbé) de l’album du même nom.

Tout le monde reprend en chœur. C’est parti pour 2h de concert qui vont passer comme un éclair, tant le spectacle est captivant et interactif. Favorisées par la précision dans la chorégraphie, la tenue et l’occupation scénique de ce trio ne laissent personne se lasser. Et à mesure qu’elles évoluent dans l’exécution des titres de leur répertoire, le mercure monte. Ça chante, ça danse sur la scène comme en face.

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Carine descend dans le public et fait son show. Tatiana tient la percussion, Zékiath n’arrête pas de bouger tout en chantant. L’adhésion du public ne se marchande pas. C’est une musique aussi douillette que dansante. Quatre instruments suffisent à l’accompagnement. Deux guitares, une caisse-percussion et cymbales. Calebasses et percussion viennent après et sont jouées par les amazones elles-mêmes. Toutefois, le meilleur instrument de musique à cette soirée reste la voix. Les mélomanes voguent d’a capella au folk, passant par l’afro beat, la salsa et le blues. Lionel (à la basse), Rafael (à la percussion+ cymbales) et Gabi (à l’acoustique) rendent possible la magie.

Effusion de transe sur les lieux. La scène est partagée par le public qui ne se retient plus de rejoindre les trois dames pour danser. A qui mieux mieux. Entre deux titres, Tatiana ou Carine raconte au public l’histoire de la chanson qui va suivre, avec des commentaires pour garantir la pincée d’humour. C’est le cas par exemple du titre « Viens chez moi » dont les paroles passent telle une fresque bien amusante. « On vit au rythme des maquis. Ici la joie est un acquis. On mange, on boit, on fait la vie. Et nos hommes sont toujours fidèles à leurs femmes mais aussi au deuxième bureau. Si ici l’amour est à deux vitesses c’est parce que la terre tourne plus vite qu’ailleurs ». Et qu’en est-il de l’excuse de son homme qu’on surprend en plein acte d’infidélité ? : « Pardon chérie, je ne t’ai pas trompée, je croyais que c’était toi-même, je n’avais pas mes lunettes. Il faisait trop noir. ». Pluie d’ovations.

Akpé ! Akpé ! Akpé ! (Merci)

Le trio ne finit pas de remercier tous ses fans et accompagnateurs depuis dix ans. Un hommage spécial à l’ainée Angélique Kidjo qui leur tend si bien la main. Elles interprètent « Gbè Agossi » de la diva, au plaisir du public qui chante avec elles. Mais le titre éponyme du deuxième album « Akpé » (Merci en Minan) sera le grand absent à ce carnaval de remerciements auquel il servirait tant bien pourtant. Les Teriba ont peut-être des raisons de ne pas l’avoir inscrit dans les 14 titres exécutés ce soir. Toujours est-il que pour concert anniversaire, celui-ci en porte les marques soigneusement griffées par ce trio sur scène d’une merveille.

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Dans les coulisses, Tatiana, au nom du trio, confie après spectacle : « ce public ce soir qui a fait le déplacement nous a fêté notre anniversaire. C’est énorme. Nous nous sommes amusées et le public aussi. ». Elle ne pense pas si bien dire. De nouveau approchée, Jessica visiblement très émue explose : « Ce concert est le meilleur gâteau d’anniversaire que j’ai jamais goûté ! ». Et une question traverse l’esprit : Du public et du groupe Teriba, qui est l’heureux du jour ?



Par Eric AZANNEY

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