Crédit photo: Fabrice Monteiro

Dans l’une des salles de l’ex-palais de justice de Dakar, un siège gigantesque capte l’attention. Un pigeon énorme, de couleur dorée dans un décor tapissé de rouge avec des coupures de monnaie tout autour. Dans le ventre du géant oiseau est sculpté le fauteuil.

Un fauteuil présidentiel hors norme comme celui de l’empereur Jean-Bedel Bokassa qui avait un trône gargantuesque taillé dans l’abdomen d’un aigle de bronze. A côté de cette œuvre, des photographies au mur faisant découvrir le même fauteuil occupé par des chefs d’Etats. 

Plusieurs niveaux de lecture du pouvoir convergent à la vue de l’ensemble des œuvres : la caricature du chef d’Etat qui s’emploie à prendre des lois à l’excès, qui gouverne que pour l’argent, qui adore écraser tout sur son chemin ; pour celui-ci, tuer n’est qu’un jeu.Expo Fabrice MonteiroCrédit photo: Fabrice Monteiro

Cette belle exposition de Fabrice Monteiro, un bénino-belge établi au Sénégal est titrée "(P)résidant". Un jumelage des mots Président et Résidant. En effet, à travers son œuvre photographique, l’artiste donne à revisiter l’histoire politique de l’Afrique subsaharienne des indépendances à nos jours. Les Etats africains ont connu à leurs têtes beaucoup de dictateurs, des civiles et militaires, spécialistes du pouvoir sans partage. Des gens qui n’ont gouverné que par les vices, la démagogie, le culte de la personnalité, la déification de soi, l’embrigadement du peuple dans la misère… Un support audio renforce l’ensemble dans cette peinture d’époque tyrannique. 

Mais le questionnement du photographe Fabrice Monteiro n’est pas qu’une affaire d’époque. Cela demeure actuel. Car il existe encore des Etats africains dans lesquels le jeu démocratique ne se joue point. La démocratie est juste dans les discours et non les faits, encore moins dans les actes qui sont posés au quotidien. Il existe encore en Afrique au sud du Sahara des chefs qui refusent qui quitter la tête de leurs pays pour permettre l’alternance. Ils passent tout le temps à tripatouiller la Constitution ou à éliminer tout éventuel citoyen qui ose s’opposer à leur éternité au pouvoir. 

Cependant, qu’apporte cette présence sans fin dans le fauteuil présidentiel au développement des pays ? C’est aussi cela le questionnement du travail de Fabrice Monteiro. C’est en somme une question qu’il semble posé à chaque visiteur de son exposition, à chaque gouvernant et à chaque Africain.

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Fortuné SOSSA (Bénin)

 

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