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Kromozom, l’incroyable talent !

Vendredi 23 novembre 2018 à 20h, dernier spectacle programmé au centre culturel Artisttik Africa dans le cadre de la 14ème édition du Fitheb. A l’affiche du stand-up, un spectacle d’humour noir made by Kromozom et baptisé "Mon père est un comique". La salle grouille de monde. Du simple curieux à l’amoureux de l’humour voire de l’humoriste, en passant par ses fans, personne ne voulait rater ce rendez-vous du rire. Du rire sûrement instructif et engagé pour peu qu’on connaisse l’artiste.

" Kromo : C’est quoi déjà le titre du spectacle ?... Public : « Mon père est un comique »... Kromo : Mais il n’est pas du tout comique mon père !... " Cet échange intervenu entre Kromozon et le public, après quelques vannes introductives, illustre bien le caractère complètement décalé du spectacle auquel le public a eu droit vendredi dernier. Un One man show qui aura duré un peu plus d’une heure sans jamais ennuyer au point qu’une spectatrice lâchera à l’extinction des lumières « C’est fini ? Ça ne me suffit pas. Non ! ».

Mais avant la fin, le début ! Côté décor, Kromo se la joue sobre : un tapis au sol et dessus le tapis, une chaise et une table, et dessus la table, une bouteille d’eau, du vin et des verres. Place au jeu ! Et il en a cet humoriste. Se servant de sa relation tumultueuse avec "son père" comme prétexte, Judicaël Avaligbé alias Kromozom aborde en réalité certaines anomalies ou tabous de nos sociétés africaines telles que l’infidélité dans le couple, les funérailles trop onéreuses, etc. Au cours du récit à la fois cohérent et truffé de suspens, la dérision est la règle et celle-ci n’a pas d’exception. Même quand Kromo s’assoit pour prendre un verre. « Ah oui, on a les moyens » dira-t-il en dégustant son vin.

L’interaction avec le public est la deuxième règle du spectacle. Avec Kromo, le 4ème mur est non seulement brisé mais encore ; la scène et le public ont vite fait de se confondre : dialogue avec un spectateur, questions-réponses avec le public, commentaires tous azimuts du public et Kromo qui répond à tout sans perdre le fil de son histoire. Une histoire dont l’humoriste tord le cou à volonté, tirant les ficelles au point de basculer par endroits dans le lugubre tout en y mettant de l’hilarité. Une distanciation qui fait de ce spectacle un véritable chef-d’œuvre où le rire sert de tremplin pour corriger certaines idées reçues comme quand l’auteur-comédien dit substantiellement que le sexe fort, c’est les femmes et non les hommes, qu’elles constituent le socle de la cellule familiale, qu’elles méritent respect, considération et protection. Et comme pour titiller ceux qui ne comprennent pas encore la position sensible que les femmes occupent dans nos sociétés, Kromo lancera à maintes reprises la ritournelle « Ton père est vraiment ton père, le jour que ta maman décède. »  

« Mon père est un comique » par le biais d’un Kromozom débordant d’énergie, d’imagination et de talent, montre en définitive, un enfant tout aussi, sinon plus comique que le fameux père. Au sortir de ce stand-up, le spectateur se demande certainement alors, où se trouve la barrière entre la réalité des faits et l’imaginaire de Judicaël dans cette version qu’il sert au sujet de sa relation avec son feu père. Mais à coup sûr, le spectateur se rend compte qu’au-delà des anecdotes, des paroles fortes et parfois osées de cet humour noir, il s’agit en réalité d’un hommage à tous les pères du monde. Ces êtres chers qui sont à la fois si sévères et si… comiques.

Kamarou-Dine AREKPA

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